La Patagonie en sac à dos #3 Trek à Torres del Paine
La Patagonie en sac à dos #3 Trek à Torres del Paine

La Patagonie en sac à dos #3 Trek à Torres del Paine

Le trip continue avec 8 jours de trek dans ce parc national mythique du Chili, pour partager le rêve de Flow. C’est la première fois que je fais ce genre de randonnée en autonomie. 143 kilomètres de marche à travers des paysages incroyables, je vais découvrir ce qu’est un trek…

Trek à Torres del Paine

Étape 1 : on y est pour de vrai

Jour 6 : Laguna Amarga à Camping Seron (16km)

Grand soleil à 6h du matin, Une bonne nuit, le vent a baissé et la température était agréable. On remonte vers le terminal de bus, un chaton blanc nous suit, puis un berger allemand. Route vers Torres del Paine. Magnifique plaines et montagnes désertiques, chevaux, vaches, moutons, on est bien en Patagonie ! A l’approche du parc national chilien, les guanacos nous accueillent, gambadant en liberté. L’un d’eux, majestueux, nous contemple depuis un rocher sur la colline.

Bon accueil par les souriantes chiliennes. On paye l’entrée, on a le droit à une carte et une vidéo qui nous sensibilise à la protections des lieux. L’incendie est la hantise de la CONAF ( Corporation Nacional Forestal). Plusieurs hectares sont partis en fumée il y a peu par accident. Waouh, un magnifique point de vue sur les Torres et une rivière en contrebas, on y est pour de vrai ! Go pour la première étape. J’avais peur que ce soit Disneyland ici avec tous ces touristes dans les bus, et là au bout de quelques minutes de marche, on est seul au milieu de rien. Comme promis, beaucoup de vent, il est parfois difficile de marcher droit. Super temps, je suis en nage, je fais même une pause torse nu et j’ai chaud…facile la Patagonie. D’ailleurs il faut se protéger la tête, casquette et lunettes. De beaux décors, steppe qui ressemble à la savane du Roi Lion mais en plus vert; champs de pâquerettes, arbres brûlés, rivières affolées, sommets enneigés. On remonte la rivière, le Rio Paine. J’observe les oiseaux, ils ne sont pas comme à la maison (de grands rapaces se laissent porter par le vent, des cygnes noirs et blancs, des moineaux à la collerette rouge).

Arrivée au camping, déjà en souffrance (16km en 4h30), j’ai pas mangé grand chose (deux barres de céréales, une pomme). Je fais une sieste, j’ai les épaules éclatées. Inquiétant pour la suite ! Après une douche chaude et quelques étirements, ça va mieux. En attendant mon tour, je vois des chiliennes qui passent par deux dans la douche… la culture chilienne me plait ! Super repas: une tasse de soupe et un peu de semoule farineuse et c’est tout. Une petite pluie s’installe en continue. On joue aux cartes sous un arbre. « Oh, un lapin géant », un lièvre traverse le camping.

21h, on va s’abriter sous la tente. Je craque, je mange un peu de Chocapic. Soirée écriture du journal avec Couli. Bilan, déjà dur cette première journée. Physiquement éprouvant, on ne parle déjà que de bouffe, on a dû lutter contre le vent. Mais trop beau, les paysages et le soleil nous ont gâtés !

Troupeau de guanacos
Les guanacos, cousins du lama.

File d'attente à l'entrée du parc Torres del Paine
Nous ne sommes pas seuls au paradis des trekkeurs.

De la porte Laguna Amarga au camping Seron

Plus que 12 kilomètres. Life is a long weekend !

Étape 2 : en souffrance…

Jour 7 : camping Seron à camping Dickson (19km).

7h, je n’ai pas très bien dormi mais j’ai mal nul part. Il a plu pas mal toute la nuit et j’ai eu un peu froid. P’tit déj à l’abri, soupe chinoise avec de la purée. Pliage de tente et départ à 8h30 pour 19km. On s’équipe pour la pluie, génial les vêtements imperméables. Mais à la première grosse montée, je suis en nage à l’intérieur. Quelques éclaircies au début nous permettent de voir la neige fraîche sur les sommets. A mi-parcours, pause pique-nique. Pas pour moi, il est 11h, trop tôt pour manger ma ration.

C’est dur, seul dans la steppe, et il se met à pleuvoir plus fort et non-stop. La grosse souffrance, mes pieds sont trempés et tout le reste aussi. Je mange une pomme, la sortir du sac est une épreuve, j’ai les doigts gelés. Les autres me rattrapent, dur le moral et le physique. Vais-je survivre ? Je ne regarde plus autour, on se tait et on avance. Petit passage cool dans la boue en équilibre sur des planches qui font office de pont de fortune. Sylvain part loin devant. Je marche avec Flow. Couli et Auré sont quelques pas derrière. On souffre ! 14h, on arrive sur un magnifique point de vue du camping au bord du Lago Dickson. Cette marche était un calvaire. Mes affaires sont trempées, mais heureusement, tout ce qui est dans mon sac est sec. 3 oiseaux rouges et verts en vol (des conures magellaniques), on dirait des perroquets. Il pleut ! Rien ne séchera. Planqués dans nos tentes, on comate, musique dans les oreilles. Regard fixe vers le haut, façon « j’attends la mort » dans Into the Wild. Flow s’incruste, à trois dans la tente, on fait une partie de dés. Une accalmie, on se fait un bon plat de pâtes dehors. Comme tout le reste du campement, on se réfugie dans la petite salle du refuge pour passer la soirée, devant le poêle. On apprend les règles du jeu de dés à Joséphine, étudiante chilienne qui rejoins la partie.

Le col que l’ont doit passer dans deux étapes est paraît-il fermé. Peut être que nous devrons faire demi-tour demain. 23h, il pleut, encore…

Auré marche sur un chemin fait de planches
Le début d’un parcours du combattant.
Vue en contre plongée d'un lac

Sous un arbre, trempés, Couli cherche pourquoi il y a de la mousse dans sur son sac
Une fuite de savon ! Ah non, avec les frottements, le pantalon de Couli crée juste de la mousse.
Vue sur le camping Dickson au loin, au bord de l'eau
Sous le soleil, le camping Dickson serait un paradis, mais aujourd’hui…

Étape 3 : demi-tour

Jour 8 : camping Dickson à camping Seron (19km).

Punaise, j’arrive pas à bien dormir. J’ai trop froid aux jambes. Mon duvet est juste pas adapté en fait. Ce sera un prochain investissement. Il a plu toute la nuit et ce matin encore. On a repoussé le réveil à 10h. Nous sommes mardi et le col n’ouvrira que vendredi. Comme tout le reste du campement, on va faire demi-tour. Je remets mes fringues mouillées et c’est parti avec un Balisto et une barre de céréale dans le bide. Le temps s’améliore et restera correct. C’est le même chemin à l’envers mais tout est différent avec le soleil. Bon pour le moral, je vais sécher. Je prends un petit rythme avec Auré, j’ai mal à la hanche gauche et au genou droit. Flow, Couli et Sylvain ont la caisse, on ne les verra qu’une fois pendant la pause manger. J’en chie à mort. On croise plein de gens sur cette étapes, plein de filles. Mais comment font-elles pour encaisser avec des sacs énormes et arriver au camping avec un grand sourire. Respect les chiliennes ! Et mignonnes avec ça.

Cette étape me parait interminable, j’ai mal partout, notamment les pieds. Heureusement que les spots sont magnifiques. Sur le gros dénivelé, un vent de dingue, on lutte pour ne pas tomber ! Auré perd son foulard et son sur-sac. Porté par le vent, il remonte le flanc de la montagne en courant pour les récupérer. En descendant, il joue à superman face au vent, incliné à 45 degré, énorme ! Sur le lac en contrebas, les rafales tourbillonnantes lèvent des embruns à plusieurs mètres de hauteur, impressionnant ! La descente est pire que la montée, à chaque pas, toutes mes articulations prennent un coup de marteau. Auré prend de l’avance, je finis seul comme un papy. C’est long…c’est lent… Enfin arrivé à 16h30 (pour un départ à 11h), je suis lessivé. Une bonne heure de récupération dans mon coin.

Flow et Couli fabriquent une cabane en approchant les deux tentes. Je fais sécher toutes mes affaires grâce au soleil et au vent, parfait pour le moral ! Assis en rond sur nos sur-sac, on admire les chiliennes qui installent leur tente tout sourire. Près du camping, je vais observer deux beaux rapaces, des Caracaras huppés, à quelques mètres de moi. 22h15 au lit, ça souffle encore fort sur les tentes. Mais avant je vais faire pipi dans une vaste prairie de pâquerettes, au milieu de la montagne nuancée de vert, de blanc, de bleu…et ça, ça n’a pas de prix !

« Sur le lac en contrebas, les rafales tourbillonnantes lèvent des embruns à plusieurs mètres de hauteur, impressionnant ! »


Étape 4 : la Patagonie, la vraie

Jour 9 : camping Seron à la base Torres (13km).

Il a plu toute la nuit et il pleut encore ce matin ! Déprimant. Quelques goutes sont passées à travers la tente mais rien de grave. A 8h, on grignote, et on attend sous l’abri que la pluie cesse, c’est pas gagné ! Auré décide de partir car il a froid, avec ses protège-chaussures en sac poubelle. A 10h30, ça se calme, on plie vite la tente et go. Finalement on n’aura plus de pluie, et même quelques éclaircies. Il faut slalomer entre les marres de boue et c’est exténuant. Je tiens dix minutes avant d’avoir les pieds dans l’eau…la mierda ! Je galère encore mais je fais la route avec Flow et Couli. Flow est une pipelette donc ça passe mieux. Direction la base Las Torres. Les passages de rivières, tout petit trois jours plut tôt, sont devenus plus acrobatiques à cause de la pluie. Particulièrement une qui nous oblige à plonger jusqu’aux genoux. M’en fous je garde mes chaussures, je suis déjà mouillé.

Encore ces lacs et ces montagnes qui défilent avec des teintes toujours différentes au gré des éclaircies. De beaux passages dans des forêts dignes du Seigneurs des anneaux. Où est Gollum ? Un troupeau de caballos (chevaux en espagnol) broutent paisiblement en toute liberté. Où est Florent Pagny ? Un lapin prend la pose pour la photo. La Patagonie, la vrai. Au delà de ça, je suis mort, cette étape « courte de 4h » est trèèèès longue !

On arrive au camping Las Torres. On y retrouve Sylvain, parti devant sans pause, et Auré qui a eu le temps de faire sa vie ici puisque parti une heure avant nous. Il s’est posé devant le poêle d’un refuge et a rendu service à un guide. Du coup, il a un ticket gratos pour un dîner, un petit déjeuner et un déjeuner à emporter, royal ! Nous, on bave de jalousie. Après une douche chaude génialissime, nous prenons quelques bières et des chips au bar, près du poêle. Vive Babylone ! Puis repas dehors pour nous pauvres trekkeurs, à table et au chaud pour Auré. On ne veut pas savoir ce qu’il a mangé ! D’ailleurs, moins on mange, plus on parle de nourriture. Les petits plats de la maison et le bon pain d’une boulangerie me manquent.

Soirée beau temps donc ambiance camping sympa. Je vais voir l’hôtel Las Torres. Grand luxe avec de très jolis chalets au pied de la montagne enneigée. De notre tente, on aperçoit les Torres (les tours) quand les nuages qui y sont accrochés daignent s’en aller. Nous irons les voir de plus près demain. Si le tiempo est bueno, si la Patcha Mama le veut !

22h, on hésite à aller se coucher, Sylvain valide. Les quatre autres, on passe finalement au bar…et c’est le drame ! Un litre de vin blanc, on trinque et discute avec deux allemandes rencontrées il y a deux jours. Elles nous racontent leurs aventures, 6 semaines en Amérique du Sud. Rentrée nocturne vers la tente, première fois que l’on voit la nuit à Torres del Paine ! Et paf, Couli est happé, enfin, il se jette dans un groupe de chiliens. Ils ont l’air cools, on suit. Moi : « no habla espanol pero quisiera apprender ». Paula, la belle survoltée, Pauline, qui a vécu trois ans à Boulogne Billancourt. Ils viennent tous de Santiago de Chile. 16 filles et 10 mecs ensembles pour les grandes vacances. On chante, on danse. On a bien rigolé ! Mais faut dormir les copains, demain on met le réveil à 7h.

Ici, pas de clôtures.

Séance d’étirements après chaque marche, indispensable !

La civilisation a du bon !

Étape 5 : les Torres, nous voilà !

Jour 10 : base Las Torres – Mirador des Torres – retour à la base Las Torres (18km)

Que c’est agréable de pointer le bout de son nez dehors quand le beau temps est au rdv ! Certes il fait frais et les Torres sont dans les nuages mais il y aura forcément une fenêtre pendant laquelle elles se montreront. Couli a un peu la gueule de bois, « mais pourquoi vous m’avez laissé boire ! ». Mais nous allons voyager léger car les tentes restent au campement. Protection de fortune aux pieds avec des bouts de sparadrap, une bonne soupe de légumes et c’est parti pour une longue ascension. La marche prend une toute autre dimension quand on n’est pas chargé comme des mulets. On crapahute sur les rochers, on court dans les descentes et surtout, on prend vraiment la mesure de ce qui nous entoure. A 360 degrés, un spectacle qui se renouvelle à chaque pas. Traversées de rivières chahutées, roches nues abruptes d’un côté, montagne et verdure de l’autre. Et derrière, un lac dominé par de lointains sommets enneigés. Entre montées éreintantes et descentes à pic, entre soleil, nuages ou pluie fine, c’est un véritable balai des vêtements qui s’opère. Bonnet ou casquette, k-way ou polaire, t-shirt ou manteau ? Toutes les 10 minutes, je change.

Nous croisons les gauchos qui mènent leur chevaux dans la vallée, quelle aisance ! Une pause au refuge Chileno avant d’attaquer deux heures de sueur pour monter jusqu’aux Torres. Parmi tous les randonneurs que l’on croise ou double, les chiliens esquissent sans faille un sourire avant de nous lancer un « Hola » bienveillant, trop fort ces sud-américains ! Nous sommes près du but, ça se rafraîchit. Les Torres nous attendent, le rêve de Flow n’est plus qu’à quelques mètres. Pfffiiouuu ! Nous y sommes, c’est fantastique. Les Torres nous contemplent, surplombant un lac glacial. Les nuages s’y agrippent , patience, ils vont finir par nous laisser tout voir. On s’installe dans la moraine, on prend la pose. Il neige, des rafales nous saisissent et tourbillonnent à la surface de l’eau. Le temps s’arrête, Flow est aux anges. Nous sommes chanceux, les trois tours de granite se dévoilent un instant, leur base fixe la neige, que du bonheur ! J’oublie mes heures sombres dans les chemins boueux.

Retour à la tente, 8h de dénivelé, ça aurait été impossible avec les sacs chargés. On profite d’une température douce et de belles éclaircies, ça c’est du camping ! Punaise, ça y est, je prends du plaisir 🙂 Une douche, une purée et on va boire une bière au bar de l’hôtel. « Today, live music at the bar ». Trop classe à l’intérieur, une nuit coûte 300$…pas pour nous ! Chouette, un pc, je peux donner signe de vie à la famille. Fin de la soirée dans une ambiance typique, nous sommes transportés par des ballades chiliennes dans un son de guitare exquis. Journée au top !


Étape 6 : dans un décor de cinéma

Jour 11 : Base Torres au camping Italiano (16km).

8h, il fait beau, une dernière photo des Torres à nue et on décampe vert l’ouest. Au camping Italiano, nous retrouverons peut être la bande de copine chiliennes. C’est ma motivation pour user les souliers. Bien que physiquement encore éprouvante, ballade sympa le long de l’immense lago Nordernskjöld. A quatre, le trajet est moins monotone (Sylvain trace devant, il ne prend pas vraiment de plaisir sur la marche). Le temps est parfait, quelques rayons de soleil parés par un voile nuageux qui garantit une température agréablement fraîche pour marcher. Et peut être un sursis pour le nez calciné de Couli. Des perspectives époustouflantes s’offrent à nous. Un décor qui fait penser à Pirates des Caraïbes . La météo nous permets de marquer de nombreuses pauses pour en profiter.

Sur une grande partie du chemin, on admire Los Cuernos, roches immenses grises claires à la base et noires sur la partie supérieure. Aussi beau que les Torres. Après quatre heures de marche, pause au refuge Cuernos, puis ça repart pour deux heures trente. Passage sur la plage, concours de ricochets et baignade frisquette pour Sylvain et Flow, ils sont malades ! Nous apercevons le glacier dans lequel s’enfonce la « Valle del Francès », notre étape de demain. Neige et glace se mêlent dans des tons bleus et blancs. Au fur et à mesure que l’on s’approche, on peut entendre le glacier. Il bouge, il vit, ses grondements sourds tels des coups de tonnerre nous le prouvent.

Arrivée au campement Italiano au milieu d’un bois, au bord du torrent venant du glacier. C’est sombre et plutôt froid. Les copains trouvent cela lugubre, je trouve ça assez cool. Mais ça va cailler ce soir ! Goûter au bord du torrent, on assiste en direct à une avalanche en haut du glacier. Véritable décors de dessin animé: à ma gauche, le glacier blanc et froid plongé dans les ténèbres des nuages qui l’emprisonnent. A ma droite, comme une falaise du grand Canyon baignée de ciel bleu et de soleil qui lui donne une teinte orangée.

A 18h, repas de chef, les sachets déshydratés d’Auré. Taboulé, poulet au curry, pâtes bolognaises et une soupe aux poireaux. De grands oiseaux, semblables à des buses (Caracaras Chimango) slaloment entre les arbres et se promènent à quelques mètres de nous. Il n’y a rien à faire ici et il fait un peu froid. On pousse la discute jusqu’à 20h30 et hop, chacun dans sa tente. Pas de folie ce soir. J’écris, bercé par le tumulte du torrent et quelques grondements du glacier.

Les Torres, merveilles du Chili.

Hola gaucho !

Avalanche sur le Glaciar del Francès.

Étape 7 : la Valle del Francès

Jour 12 : Valle del Francès puis camping Italiano à Paine Grande (20km).

La tente était en pente, autant dormir dans un toboggan ! Nous partons à l’assaut de la Valle del Frances (on ne sait pas pourquoi elle a ce nom). Sans sacs, nous les laissons aux guardaparques. Facile donc, quoique, ça monte et le soleil chauffe. Sylvain file devant, Couli est en mode enfant lune pour se protéger du soleil. Entre le glacier couvert et les rocheuses au soleil, nous grimpons dans la vallée entre ténèbres et lumière, le long du torrent. Depuis le trajet de bus de Puerto Natales à Torres del Paine, nous voyons tous les jours un randonneur asiatique qui fait exactement le même circuit que nous. Je l’appellerai « notre copain chinois ». Là haut, beau spectacle, le mirador et au centre d’un véritable amphithéâtre de montagnes. Des roches géantes qui s’érigent dans le ciel et une vue plongeante qui va mourir dans le lac Nordernskjöld bleu azur. En t-shirt, on se pose au soleil, trop bon !

La descente est difficile mais ça n’est pas finit. On récupère notre sac à Italiano. Tout le camping nous a imité, des dizaines de sacs reposent contre la cabanes des guardaparques. Encore 7,5km pour atteindre le Paine Grande. Couli me file la tente à porter, son tendon d’Achille est douloureux. Ça change tout, j’ai mal au dos, mais l’étape est plutôt simple et c’est la dernière avec un sac. Nous traversons des parcelles de forêt brûlées en 2011, ambiance étrange. Belle arrivée au camping qui se trouve au bord du lago Pehoé, d’un bleu-vert étincelant. Le vent souffle ici, le lac moutonne et l’installation de la tente est rock’n’roll.

Il y a un mini-market et un restaurant, tournée de chips générale ! Ensuite, on monte au bar. Affalés dans des canaps, avec vue imprenable sur les rocheuses et le lac. On sirote une cerveza Australe avec des cacahuètes devant un match de foot à la télé. Auré ronfle dans le fauteuil. Festin du soir: soupe, pâtes, soupe…on a trop mangé, on s’est lâché ! On parle avec un jeune couple de français qui vient de faire quatre mois à travers l’Amérique du Sud…on est des petits joueurs ! Soirée jeux de dés et de cartes dans la salle du resto et couchés à 22h. Je suis éclaté. Dans le camping, on entend une bande de chiliens chanter et rire. C’est beau la jeunesse !

Vaisselle écolo à l’eau TRÈS froide de bon matin.

Dans la Valle del Francès, à 360°


Étape 8 : le glacier Grey

Jour 13 : Depuis Paine Grande, aller-retour au Glaciar Grey (22km).

Aujourd’hui, c’est comme Noël, c’est notre dernier jour de marche ! Et sans sac en plus, vamos ! Super journée de soleil, alors on se met en mode gangster, foulard sur le nez. On croise l’équipe des chiliennes Pauline et Paula. Elles vont prendre le bateau, c’est la dernière fois qu’on les voit, snif. Un dernier « Hola, que tal ! ». 11km pour aller admirer le Glaciar Grey. Une sacrée trotte encore.Sur le lago Grey on commence à voir des icebergs d’un bleu éclatant. Premier point de vue sur le glacier, il y a un vent de dingue. Auré joue le base-jumper ! Le glacier est phénoménal, je n’avais jamais vu ça. Encore 6km pour aller au pied de la patinoire géante. Chacun a on rythme, on se retrouve au refuge Grey. Super fashion. Un groupe d’amis danse du raggaeton au soleil. Sur des chaises longues, on fait bronzette, torses nus, à quelques centaines de mètres d’un glacier…surréaliste ! On y rencontre Nicolas et Céline, deux profs d’économie habitant Genève.

Arrivée au glacier, c’est la banquise, fantastique spectacle ! On joue aux équilibristes sur un iceberg, si je tombe, je gèle ! Moment énorme, c’est la photo de l’année. Pause sandwich pour Auré, Couli et Flow. On se retrouve au camping après 11km dans l’autre sens. Un lapin me fout les jetons en surgissant devant moi, ça aurait pu être un puma ! On a marché comme des tarés, sauf Couli qui a tourné ses fameux reportages vidéo en solo. Retrouvaille au bar dans les canap en compagnie de Nicolas et Céline. C’est soirée tchatche, les Pisco Sour en happy hour aidant. On rencontre les français vus à El Calafate, ils partent bientôt en Nouvelle Zélande dans la continuation de 16 mois de tour du monde.

Le pari de la baignade au glacier n’a pas été tenu ! Fin de soirée au bar, y a que nous. On finit mes Chocapic. L’aventure Torres del Paine se termine. Des souvenirs plein la tête, des kilomètres plein les pieds. Un instant devant la tente d’un trekkeur qui joue de la guitare. C’est encore plus beau quand on se dit qu’il l’a porté jusqu’ici…

La Patagonie, simulateur naturel de chute libre !

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mark Twain.


Fin du trek, ça s’arrose !

Jour 14: Torres del Paine à Puerto Natales.

Le trek est bel et bien terminé. Un dernier desayuno (petit déjeuner) au resto. Nous prenons le bateau pour une des entrées du parc où nous prendrons le bus. Une bien belle façon de boucler l’aventure. Sur le pont du catamaran, bonnets aux vents, nous profitons pleinement de ces derniers instants. Que les montagnes sont belles vues du lac Pehoé. Je commençais à m’être imprégné de ce lieu. 15 minutes de traversée qui nous évite 17km de marche. Puis nous attendons deux heures trente le bus Gomez qui doit arriver à 13h30. Allongés au soleil sur la terrasse de la cafétéria, chacun est plongé dans ses lectures. J’apprends l’espagnol, je progresse doucement. On grignote un sandwich.

Dans le bus, des sièges hyper-confortables, on va bien dormir. A fond de première dans les côtes, nous quittons lentement Torres del Paine. Au bord de la route, des dizaines de guanacos gambadent au soleil. Adios ! A Puerto Natales, j’ ai l’impression de rentrer à la maison. Les dizaines de chiens errants de toutes races sont là, paisibles. Les grandes rues perpendiculaires et les trottoirs encore plus larges. Les maisons basses de toutes les couleurs, en tôle et en bois, toutes collées les unes aux autres. C’est très calme, les chiliens conduisent doucement. Seuls les pots d’échappement pétaradant se font entendre. Un peu plus d’animation dans la rue principale où l’on trouve tous les commerces, les restos et les bars. On s’installe dans le même camping, dans le centre. Sorte de jardin caché derrière un mur en tôle, plutôt bien aménagé. La gérante se souvient de nous.

Retrait d’argent à la banque. On va dans un petit resto, qui ne paye pas de mine, devanture très moche, conseillé par les frenchies qui font le tour du monde. Mama chilienne sympa, horloge Jésus sur le mur et séries télénovela (les Feux de l’amour chiliens quoi !) toutes pourrie à la télé. Barato (bon marché), les empanadas ne sont pas terribles mais les frites maison sont délicieuses. Auré se tape un bon gros lomo (steack de bœuf). Couli, Flow et Auré sifflent deux bouteilles de vin blanc. Enfin, Couli et Auré prennent un terremoto (tremblement de terre) en dessert. Un cocktail de vin blanc, de grenadine et de glace à l’ananas. Un passage au camping, on discute avec un groupe de jeunes scouts chiliens puis nous allons boire un verre au bar cool. Les chaises sont des baignoires coupées en deux. Nous sommes seuls dans le bar tenu par un jeune couple. La femme, avec des dread locks, est bretonne, mais refuse de parler français. On enchaîne les pisco sour. Auré est chaud et baratine en espagnol, il se fait payer une dégustation de pisco. Peu à peu quelques clients arrivent, dans l’élan d’Auré, on discute avec tout le monde. Deux mecs de New York qui vont au Torres demain. Céline et Patrick, deux suisse-allemand en voyage depuis 4 mois que l’on avait aperçu dans la Valle del francès. On se raconte nos vies et nos aventures en anglais, en allemand, en espagnol. Couli s’assoie dehors et joue les rabatteurs: « quisieras un vaso ? », sans succès. Auré, après avoir été intenable, s’endort dans la rue sur un banc. Il ne s’en souvient pas mais il a payé la cuenta (l’addition) pour tout le monde. Grand prince ! Vers 1h du mat’ on est bien fait, on rentre au camping, Flow se tord la cheville et se rétame.

La fin du trek a bien été arrosé !

Adios Torres del Paine…

Traversée du Lago Pehoé.

La façade du restaurant ne nous laissait pas espérer un si bon moment.

Pisco Sour, LE cocktail du Chili.

Tu as oublié la partie ou Oré était en harmonie avec le trottoir…

Flow

Comment raconter une cuite avec de belles phrases! 🙂

Couli

Cette semaine à travers l’un des plus beaux parcours de randonnée du monde fut une expérience incroyable partagée avec les copains. Nous sommes à un peu plus de la moitié de ce séjour en Patagonie, l’aventure continue dans l’article suivant ! »

Bobo

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